quinta-feira, março 01, 2007

Quimeras (Leituras soltas que de repente me apetece vir registar)

(Trechos soltos, versos soltos, pensamentos soltos, metáforas soltas, memórias soltas... Começo a descobrir que ganhei tendência para coisas soltas ao acaso - mas o meu pensamento lá sabe que não é por acaso que se detém nelas...)

Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés.

Chacun d'eux portait sur son dos une énorme Chimère, aussi lourde qu'un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d'un fantassin romain.

(...)

Je questionnai l'un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu'il n'en savait rien, ni lui, ni les autres; mais qu'évidemment ils allaient quelque part, puisqu'ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher.

(...)

Et le cortège passa à côté de moi et s'enfonça dans l'atmosphère de l'horizon, à l'endroit où la surface arrondie de la planète se dérobe à la curiosité du regard humain.

Et pendant quelques instants je m'obstinai à vouloir comprendre ce mystère; mais bientôt l'irrésistible Indifférence s'abbatit sur moi, et j'en fus plus lourdement accablé qu'ils ne l'étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères.

Charles Baudelaire, Chacun sa chimére.
('Poema em prosa' que pode ler-se na íntegra aqui, por ex.)

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